La Police religieuse dans l'ancienne France by Gabriel Le Bras

Auteur:Gabriel Le Bras [Bras, Le]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Mille et une nuits
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Cet édit de Nantes d’avril 1598 consacre toutes les libertés que nous avons rencontrées aux édits de pacification ; et, pour la première fois, est reconnu dans toute son ampleur le principe de la liberté d’un culte dissident dans un État catholique.

Je ne dis pas qu’aucun de ces principes soit nouveau, mais ce code est quelque chose de nouveau.

Dans le préambule, Henri IV marque bien son intention : il veut satisfaire à la fois les catholiques et les protestants. Les protestants qui se plaignent de l’inexécution des édits de pacification, les catholiques qui se plaignent de ne plus avoir le haut du pavé, « afin que tous les sujets puissent adorer Dieu d’une même intention et sans trouble ».

Je vais vous lire les quelques lignes où il exprime cette noble pensée : « À quoi bon nous charger de trop d’affaires tout à la fois, et aussi que la fureur des armes ne compatit point à l’établissement des lois, pour bonnes qu’elles puissent être. Nous avons toujours différé d’y pourvoir, mais maintenant qu’il plaît à Dieu commencer à nous faire jouir de quelque meilleur repos, nous avons estimé ne le pouvoir mieux employer qu’à pourvoir que son Saint Nom puisse être adoré et prié par tous nos sujets, et s’il ne lui a plu permettre que ce soit pour encore en une même forme de religion, que ce soit au moins d’une même intention, et avec telle règle qu’il n’y ait point pour cela de trouble ou de tumulte entre eux, et que nous et ce royaume qui ont toujours mérité de conserver le titre glorieux de très chrétien qui a été par tant de mérites et si longtemps acquis, et par même moyen ôter la cause du mal et trouble qui peut advenir sur le fait de la religion, qui est toujours le plus glissant et pénétrant de tous les autres… »

« En conséquence, tous les habitants du royaume vivront comme frères, amis et concitoyens, sur peine aux contrevenants d’être punis comme infracteurs de paix et perturbateurs du repos public. »

Tout d’abord, l’édit de Nantes rétablit la religion catholique, dans son article 3 : « Ordonnons que la religion catholique, apostolique et romaine sera remise et rétablie en tous les lieux et endroits de notre royaume et pays de notre obéis- sance. »

Il assure aux protestants la liberté de conscience dans son article 6 : « Et pour ne laisser aucune occasion aux troubles et différends entre nos sujets, avons permis et permettons à ceux de la R.P.R. vivre et demeurer par toutes les villes et lieux de notre royaume et pays de notre obéissance, sans être enquis, vexés, molestés ni astreints… pour le fait de la religion contre leur content, ne pourront pour raison d’icelle être recherchés en maisons ou lieux où ils pourront habiter au reste de ce qui est contenu dans notre présent édit. »

L’édit interdit les baptêmes forcés dans l’une ou l’autre religion (article 18). Voilà donc la liberté de conscience bien affirmée.

Quant à la

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